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Notre mère la terre


Quel est le point commun entre un renard, un lapin et une taupe ? En-dehors du fait que ces animaux sont tellement adorables qu’on a envie de les adopter, ils vivent tous, à l’état sauvage, dans des terriers. Ces trous creusés dans la terre qui leur servent de maison. Et ils ne sont pas les seuls à vivre dans le sol : le hérisson s’y abrite pour l’hiver, le ver de terre y creuse des galeries (pas celles dans lesquelles vous pouvez trouver des œuvres d’art contemporain, exceptées celles de Daniel Spoerri), ou encore le lapin et le lièvre qui accouchent de leurs petits à l’abri des prédateurs. Tous ces animaux considèrent donc la terre comme un endroit assez accueillant et chaleureux pour en faire leur lieu de vie et leur refuge en cas de besoin.

Même si les humains ont quitté les cavernes et les abris depuis belle lurette pour finalement aller se nicher dans des appartements parisiens presque aussi petits que des terriers, il est intéressant de noter que ce rapport à la terre est toujours présent dans certaines de nos pratiques. J’en veux pour preuve l’inhumation des corps de nos défunts. En effet, il s’agit là d’un retour à la terre, un retour à la source de la vie et de notre existence. En mettant en terre ces corps, on boucle un cycle de vie qui se termine là où tout avait commencé, comme si l’on rendait à la terre ce qu’elle nous avait donné.

Malheureusement, on n’a que trop bien compris que la terre regorgeait de ressources et de bienfaits dont on peut profiter. Aujourd’hui, exit l’âge d’or où la terre nourricière abritait les êtres vivants et où ceux-ci pouvaient profiter de ses apports au gré de leurs envies. Aujourd’hui, on exploite la terre pour produire toujours plus de nourriture et alimenter une population toujours plus avide et consommatrice. Il suffit de claquer des doigts pour avoir ce que l’on désire. Pire qu’un enfant gâté dont on comble les moindres désirs. Comme un enfant qui tète sa mère jusqu’à l’assécher.

Pourtant, on commence à voir émerger des alternatives, des solutions qui permettraient de réduire cette exploitation. Si on reprend l’exemple de l’inhumation, au lieu d’investir des milliers d’euros dans un cercueil qui, en plus de nécessiter la destruction d’un arbre, va mettre une éternité à se dégrader, on peut maintenant investir dans des cercueils plus écolos (en carton par exemple) ou encore, le top pour un bobo-gaucho-bio-écolo du Ve arrondissement, dans une urne qui permet aux cendres humaines de servir d’engrais à un arbre. Et pour obtenir lesdites cendres de façon moins polluante qu’une crémation classique, on observe de plus en plus de nouvelles idées. Pour n’en citer qu’une, on peut se pencher sur le cas de la résomation : le corps du défunt est plongé dans l’azote liquide à -196°C, ce qui le rend friable. Une table vibrante le transforme ensuite en petites particules qui peuvent être placées dans une urne. Simple, basique, efficace et pas cher.

Alors pourquoi on ne décide pas tous de se faire enterrer pour renaître en arbre ? Pourquoi on n’arrête pas de vouloir toujours plus, toujours plus vite ? Pourquoi on ne mange pas tous bio ? Pourquoi on n’élève pas tous nos poules ? Pour la même raison que celle qui nous pousse à dire à nos parents que c’est à cause d’eux si on est débile (parce qu’ils nous ont refilé leurs gênes) : parce qu’il est bien plus facile de rejeter la faute sur autrui et de dire que comme on est né dans une société de consommation, c’est un modèle qu’on ne peut pas changer. Sauf qu’il va très vite falloir du courage si on veut encore pouvoir dire « je t’aime » à notre terre.

Viena

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