L’innovante multinationale Google lançait, il y a peu, « Google Nose », the application que tu dois avoir dans ton ail-faune sinon t’es pas swag. Le programme, existant aussi sous forme de site internet, s’annonce comme défiant les limites du technologiquement possible. Accéder à une banque d’odeurs d’environ 15 000 essences via nos appareils électroniques « connectés », toutes natures et origines confondues (végétale, animale, black-blanc-beur, minérale, synthétique) : telle est la promesse. Techniquement, tu demandes (gentiment !) à ton téléphone ou à ton ordinateur de te trouver une odeur, et si t’as de la chance – et que tu as mieux qu’une connexion SFR –, il te la trouve dans la banque de données et tu peux soit la sentir en rapprochant ton nez de l’écran, soit l’envoyer à un ami. BIM BAM BOUM, BIENVENUE AU XXIe siècle !
Que nenni, il n’en n’est rien ! Il s’agissait d’un poisson d’avril marketing-capitaliste-on-tape-sur-les-pauvres-prolétaires-du-monde-unissez-vous datant de 2013. C’est te dire. (Avoue t’as quand même kiffé l’idée). Mais on se demande justement : qu’aurait-il pu advenir d’une telle invention ? Comment Google Nose aurait pu changer nos vies, nos sens ?
Alors, avant tout, il faut poser le contexte : octobre 2016, toi, élève edlien connecté tapote sur ton smartphone du fruit défendu génération 6, pendant ta pause à la cafétéria – oui, en octobre 2016 de cette dimension, la wifi EDL est surpuissante dans l’aile de Flore, et tu as même 3 barres à Rohan (non je rigole, ça, c’est pas possible). Par la même occasion, tu recopies ton cours sur la momification en Égypte – parce que dans cette dimension, t’es un élève sérieux – quand apparaît une référence au vin de palme et aux épices grillées dans lesquels sont conservés les organes (merci l’ami Wikipédia). Ne connaissant ni l’odeur du vin de palme, ni celle des épices grillées, tu consultes Google Nose (voir mode d’emploi §1) et le tour est joué.
Dans cette même dimension, on ne se débattrait plus pour essayer d’expliquer pendant quinze minutes à quoi ressemble une odeur que l’on aurait sentie. Donc, au revoir le « mais c’était une odeur un peu comme… » ou cinq minutes plus tard, agacé, le « mais si, tu sais bien, un mélange de… ». On oublie, par la même occasion, les grands mouvements de bras à l’italienne pour figurer la diffusion et la rencontre entre deux effluves. Parce que NON, le bon Dieu ne s’agitait pas comme un orang-outan le troisième jour, lorsque lui est venue l’idée d’intégrer des nuances olfactives à l’air environnant.
Pareillement, on évite les situations gênantes du type : une amie plus branchée que toi te parle du nouveau parfum hype du moment, avec ses senteurs veloutées de camélia d’Asie, rehaussées d’essence de graine de cardamone…alors que tu ne savais pas que Kenzo sortait un parfum ce mois-ci, et que pour toi la cardamone était une espèce de désinfectant d’infirmière d’école primaire. Réflexe de survie : tu tapes discrètement « cardamone » sur Google Nose, fais mine d’éternuer en plongeant sur ton téléphone, renifles les senteurs, et tu réponds avec cet air si cher aux Parisiens : « Hum, non mais j’aime pas troanh *façon ange de la télé-réalité* je préfère les arômes de vin de palme sur ton d’épices grillées : c’est intemporel ! »
Mais, prenant en compte le développement de cette application entre 2013 et 2016, ne serions-nous pas capables d’aller au-delà de cette simple banque de données ? Je pense que si. Et nous serions d’ailleurs capables d’envoyer directement une odeur ambiante à la personne à l’autre bout du fil, lors d’un appel. Alors oui, c’est sympa de sentir les épices et les olives du souk de Casablanca, lorsque tu appelles tes parents en voyage au Maroc pour leurs noces de rubis (trente-cinq ans pour les ignares). Mais non, c’est pas drôle quand ton amie te raconte les derniers potins, assise sur le trône, pour sa commission journalière, activant cette fonctionnalité par inadvertance, à ton grand dam. Oui, cette anecdote pue le vécu, mais louée soit la Silicon Valley, Google Nose n’est pas encore disponible sur le store.
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